Le Mal de Toi

Cette souffrance qui tente de sortir, quand je pense à toi ou quand je t’évoque à quelqu’un, je la connais.

Elle arrive à passer toutes les digues, parfois. Elle s’amuse à sourdre, intarissable, de tous les pores de ma peau, comme si je saignais continuellement. Elle me fout le plomb, aussi!

Elle est faite, d’une part, de mon manque de toi, de ce que j’ai perdu. D’une autre part, de ce que, toi, tu as perdu, de ta souffrance, de ta vie écourtée! Il reste la part, abyssale, que le monde a perdu, celle du chant de ta vie, la trace de ton chemin parcouru! Quel dosage chacune? Qu’est-ce que ça changera?

T’es mon p’tit? T’es mon frère? C’était à moi de te protéger; toi, tu m’obéissais. J’ vois pas trop la différence, à part ça! Tu disais ne pas vouloir me décevoir! Comment aurais-tu pu, Pierre?

Tu étais un, comme je le suis. Et j’ai été content de te connaître, toi, Pierre, mon petit.

Reste le souvenir!

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Je te fais parler un peu.

Je t’aurais demandé comment tu vois le monde;

Tu m’aurais répondu: « Y a des injustices! »

Là, tu ne penses pas à toi, mais à d’autres.

Ton pote Geoffroy a mis un texte sur le site, pour toi. Il écrit bien, vraiment! C’est peut-être à lui que tu penses.

Tu le sais quand t’en rencontres un? Tu les vois? Les petits êtres, à l’intérieur!

Oui, tu les reconnais, Pierre, toi aussi. Mon p’tit coeur sur pattes!

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Des mondes étranges…

J’ai un univers entier dans ma tête, des mondes complets. Tu m’as souvent entendu dire cela, rappelles toi.

Eh bien, c’est vrai. Si! Je m’y rends surtout le soir. C’est comme dans une grotte. On suit un long couloir. Sur les côtés, des tunnels. Des tunnels qui mènent chacun à une porte et derrière la porte, un monde. A chaque fois, un monde différent! Vierge et secret. Certains sont finis, d’autres ne sont encore que des ébauches.

Je t’expliquerai tout. Mais, p’tit à p’tit. C’est un peu compliqué. « T’es en train de marcher dedans en ce moment; c’est déjà que ça existe! T’es toujours cool? »

Le couloir que l’on vient de passer sur la gauche, par exemple! Je l’aime bien ce monde-là. Il tourne depuis le début. Il n’a pas posé de problèmes depuis sa conception. Je n’interviens plus depuis longtemps. Un monde riche, beaucoup de faune, peu d’humains. C’est très indien là-bas. La Terre mère, nos frères les animaux! Pas mal de générations se sont succédé déjà; ils ont d’excellents chanteurs. J’y suis pas retourné, ça fait une trentaine d’années. « Eh bin, oui. Cherches pas, j’te dis! »

Je t’emmènerai dans une forêt d’elfes la prochaine fois, si tu veux. « Y a des elfes? » Bien sûr. C’est un des tout derniers projets. Tout est pensé pour qu’il y ait une vie le jour et la même chose la nuit. Surtout la nuit! Ils vivent sous de grands arbres dont l’envers des feuilles génère des gouttes luminescentes; simple mais bien vu, non? On y voit comme en plein jour! Ils sont spéciaux, mais assez cools. Ils sont pâlots et secrets. Y a rien à y faire. C’est un peu dommage, ça fait pas très elfique! Bon, baste!

Quand je t’ai trouvé dans ma chambre, gravement blessé, j’ai eu peu de temps. Je t’ai ramassé et transporté ici. T’es mort, là-bas. C’est comme ça qu’on dit.

Je t’ai emmené chez moi, dans mon monde. Je t’ai fait une chambre. Et depuis, je veille sur ton sommeil. T’as quelques réveils partiels de temps en temps; c’est à ces moments-là que j’essaie de te familiariser à ta nouvelle vie. Mais, t’es encore au bois dormant. Ton corps a guéri depuis longtemps; mais ton âme est toujours en vadrouille, parcellaire. Tu n’es pas activé pleinement. Il faut que tu patientes encore un peu, que tu attendes d’être suffisamment rassemblé.

Je me rappelle ton premier réveil. On fait tous pareil! Pour te faire comprendre un peu et que tu t’éclates, je t’ai emmené sur la corniche qui surplombe le lac. T’étais pas fier, au début. « Vas-y, saute! T’inquiètes, si on peut construire des mondes, on peut tout faire. » T’as sauté; la surface de l’eau ne s’est pas brisée, elle s’est enfoncée et t’a renvoyé en l’air. T’as regrimpé la corniche au galop. « Ca claque! J’peux le refaire? » Il te suffit de le vouloir, t’as pas besoin de moi. T’as ressauté, tu apprends vite!

Au fait, quand même, j’ai un doute; tu ne te serais pas réveillé pendant que j’étais pas là? Tu ne serais pas descendu au village, en bas, des fois? C’est plus animé. Il y a plus de jeunes. Une étrange musique remplace flûte et tablas, le soir! Et puis, regardes! T’as pas les mêmes fringues, Pierre.

Alors, écoutes moi bien! Les choses changent à chaque fois qu’on intervient, si on n’a pas assez de maîtrise. Il faut vivre comme eux et pas les faire vivre comme nous. C’est impératif! Sois prudent. Fais bien attention, c’est nouveau pour toi.

« Tu manges là, ce soir, ou tu descends au village? Ah, j’allais oublier; quand t’auras bien tout intégré, quand tu seras prêt, tu pourras faire ton premier monde. Ton monde à toi! »

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Forever young!!

T’auras toujours 25 ans! Il n’y a rien à faire. J’essaie de te vieillir dans ma tête. Je m’arrache, mais non. Pas moyen!

C’est bon, je lâche l’affaire. De toute façon, le Pierre que je connais est jeune.

Tu es mort, c’est certain. Tu es définitivement parti, c’est sûr. Mais il est hors de question que tu disparaisses à tout jamais! Pas jusqu’à ce que je disparaisse à mon tour, du moins. C’est ma façon de t’être fidèle.

Un Don Quichotte à la ramasse? Ma foi, qu’importe. De toute façon, je n’écoute plus personne désormais. C’est ma façon de t’être fidèle.

Le jour où je t’ai dit que tu m’étais précieux, tu m’as répondu à la Gollum, « Mon précieux! ». Pourquoi j’ai pas été surpris?

Si je pouvais te demander un truc, je te dirais: « Reviens-moi, Pierre! ». Si je pouvais te souhaiter un truc, je te dirais: « Sois heureux, mon grand! ».

It’s getting late. See you in a while, my boy!

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Diaphane, mais pas évanescent!

Quand je te rends visite dans les limbes, je te retrouve souvent assis près d’un feu, sur la grève. J’ai beaucoup d’imagination, alors je trouve toujours le chemin. Je descends un sentier dans le noir, j’entends les vagues, je vois ton feu! On parle peu, c’est tranquille et paisible.

Jamal est là aussi. Parfois, je te l’amène. Il s’assoie contre toi et m’ignore totalement, le chameau!

Tu n’es pas vraiment pareil, mais on se reconnaît.

Merci pour le décor, mon grand, c’est tout à fait à mon goût!

Heureusement, je peux encore te rejoindre ailleurs, quand ça me dit bien de te voir. Tu passes aussi de temps en temps, on garde contact. On ne vit plus ensemble, c’est tout ce qui se passe. Normal quoi!

Dream, dream, dream!

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T’as de beaux yeux, tu sais.

Je craque! Il faut que je parle de tes yeux.

Toi, tu regardais beaucoup. Combien de regards différents avais-tu exactement, Pierre?

Eh? Sur la photo, son oeil droit. Là, c’est sûr, c’est un reptilien!

Celui-ci, c’est un peu le tout premier pour moi. Ce regard qui parlait, je l’ai entendu. J’ai eu le sentiment de te voir pour la première fois, ce jour là!

Tout en rouge, avec ta grosse montre bleue, j’aime cette photo de toi, mon petit bonhomme.

Pas d’accord pour la photo. Ouh là là, j’avais merdé. Une épée, ton regard!

Quand je te rend visite, au gré de mes voyages vers toi, il ne se passe pas longtemps avant que je ne rencontre tes yeux.

Ton regard écrivait des mots sur du papier dans ma tête. Il chantait à mon oreille.

C’était ta porte à toi. Ta porte vers le monde et la source de tes plus beaux discours!

29.1.2012 « de k »ell coulmeur sont mes yeux??? »

Des yeux vairons, j’en ai pas vu souvent. Et là, j’en avais à domicile et pas des moches!

« On échange, Pierre? Tu me donnes ton oeil vert et je te donne un de mes yeux bleus; ils sont pas mal, eux aussi. » T’as pas voulu, traître!

Tu regardais toujours par dessus tes lunettes, j’me rappelle! Derrière, tes yeux brillaient blond. Ils restaient jeunes et frais.

So long! Les souvenirs déboulent.

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A notre petit ange!!

Notre peur la plus profonde n’est pas celle d’être incohérents ; notre peur la plus profonde, c’est celle d’être immensément puissants. C’est notre lumière qui nous effraie le plus, pas l’obscurité. Nous nous demandons : « qui suis-je, moi, pour être brillant, précieux, talentueux et fabuleux ? » »

-Nelson Mandela-

Tu étais un peu timide et tu te sentais bien seul, c’est sûr. Mais tu n’en étais pas transparent pour autant. Pas pour nous, mon grand. Non, sûrement pas! C’est ce qu’on dit à quelqu’un qui passe devant la télé, j’rigole.

Toi, il fallait t’apprivoiser. Je suis doué pour ça, ça tombait bien.

Enfant, tu ne pesais rien sur nos genoux, tu pouvais y rester longtemps.

Adulte, tu étais très gravement démuni; alors tu ne pouvais pas te permettre de t’aliéner les autres. Tu te vivais seul mais t’as su te lier avec ceux qui étaient là pour toi!

Tu ne demandais jamais rien, je l’ai déjà dit. Tout est à cause de cette foutue maladie! Alors, même si tu ne demandais rien, nous, on te répondait. Alors tu nous aimais mieux!

J’ai vu ce sentiment évoluer en toi. Je l’ai vu surtout envers moi. T’étais fier de notre relation, comme moi et tu m’aimais fort, comme moi!

Jpeg

Tu me parlais, alors je sais comment tu aimais les autres, qui étaient les tiens. Ton regard sur tes proches! Tu voyais juste, je trouve. « T’avais des potes comme les miens! », j’te le dis parce que ça me rend heureux!

Toi, petit ange, tu avais une empreinte douce et légère!

Vole, mon grand, vole! Plane tout là-haut, je te rejoindrai un jour.

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Quand t’étais mal!

Quand tu n’étais vraiment pas bien, quand tu étais recroquevillé sur le divan des jours durant,

Quand ça me faisait mal de te voir comme ça,

Je filais parfois dans ma chambre, j’écoutais des trucs dans ce genre. Je me chargeais en tendresse et je retournais vite la déverser sur toi. Je pleuvais sur  tes lunettes, ça guérissait tes yeux!

La première fois où tu m’as répondu: « Là, je suis bien. », comme je m’en souviens! J’avais anesthésié La Bête pour un moment. J’ai encore pourri tes lunettes!

« -Tu as l’air petit et fragile.

-C’est parce que je suis petit et fragile. »

T’avais le don pour répondre du tac au tac!

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En rentrant de la rivière!

Quand il fait chaud, on va à la rivière pour baigner le chien. C’est pas très loin, on y va à pied. C’est dans la zone industrielle. Si, si. Un petit coin de paix, frais et sauvage! J’t’assure. T’aurais dit : ça claque! J’y ai vu un martin-pêcheur today.

On y va, de temps en temps, avec Max et Lily . Lily, c’est la chienne de Max. Un boxer aux yeux doux. Pour moi, elle est plutôt mi-chien, mi-poisson, mi-castor!

Jamal et l’eau, c’est moyen, un peu comme toi. Il y va, oui. Mais je ne dirais pas qu’il nage, plutôt qu’il traverse. Lui, se baigner, c’est se coucher dans l’eau jusqu’au cou. S’il a chaud, pas de problème. Mais pas trop longtemps et une fois, c’est bien assez. Toujours un peu comme toi !

La première fois qu’on l’a emmené là-bas, il s’est jeté dans l’eau à mon appel. Il est tombé dans le trou, ça a fait Brouff! Il est remonté, affolé, à la surface avec une énorme feuille jaune sur la tête. T’aurais adoré!

Aujourd’hui, il y est allé de lui-même. Il a nagé en rond en buvant puis il est allé rejoindre Quentin sur un banc de sable au milieu. Voilà, c’est pour te dire!

Souvenirs, quand je vous emmenais vous ! Je choisissais des endroits précis, qui pouvaient avoir de la gueule, faire sauvage. Je choisissais bien mes activités. J’aurais bien aimé vous emmener dormir dans les bois. Vous auriez adoré!

Enfant ou chaton? C’est jouer, manger, dormir! Je cite Léo.

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