J’écris ça pour moi,
Pour me libérer,
Éloigner l’effroi
Qui m’a tant bouffé.
J’écris ça pour moi,
Pour me libérer
Et dire pourquoi
Je suis déglingué.
Mon enfer à moi
Est fini, c’est vrai.
Mais reste de toi,
Le cœur de la plaie.
J’avais rassemblé
Ses frères, en soirée,
Pour le consoler,
Le réconforter!
Ton enfer à toi
M’a tant concerné.
Ta misère à toi,
Je la vois, je sais!
Je vois ton espoir
Se ratatiner.
Je cris, dans le noir,
Pour te réchauffer!
Oh, comme tu as froid,
Mon petit dernier!
Je n’ai que mes bras,
Pierre, à te donner!
Je sors le coca
Du frigo glacé,
Le lui tends, là-bas.
C’est ce qu’il cherchait!
Bel enfant tranquille,
Victime démunie.
Dans un cœur docile,
Maladie pourrie!
Il était si joli.
Il était si meurtri.
Il était si gentil.
Il était si petit!
Mon dieu, quelle horreur!
Mais, comme il en chie.
Angoisse de malheur,
Maladie moisie!
Il m’a dit : Merci,
S’est mis à manger.
Je me suis enfui,
Pour aller chialer!
Moi, Pierre, je savais.
Alors, j’ai choisi.
Oh, si je pouvais
Te garder en vie!
Je le vois morfler.
Je l’entends pleurer.
Je fonce, massacré,
Pour le protéger!
Et vers mes gamins,
Je souriais si bien!
Je souriais de loin,
Je tenais sa main.
Je leur ai souri,
Je lui ai souri.
Mais, j’avais compris
Ce que serait sa vie!
Je suis avec toi,
Pour l’éternité.
Et qu’on me foudroie,
Si je peux te lâcher!
Maintenant, j’ai froid.
J’ai un peu grandi.
Si je pense à toi,
J’en salue la vie!
Si j’ai encore froid,
Eh bien, c’est tant pis.
Quand je pense à toi,
Je t’aime, mon petit!