L’enfant du ciel!


Sur le parvis brillant
D’une maison plein-ciel,
Un tout petit enfant
Traîne un sac de poubelles.
Mais, où sont ses parents?
Tout est artificiel!

Il rentre se poster
Prés du hublot-fenêtre.
Là, il peut observer
Ce qui pourrait paraître.
Immobile et figé,
Il est encore à naître!

Tout petit, dans le blanc,
Il regarde le ciel.
Le gazon luit, devant,
Près du sac de poubelles.
Ses yeux sont si brillants,
Quand il secoue ses ailes!

Un jour, en plein été,
Il a vu apparaître,
Marchant à pas pressés,
La chasuble d’un prêtre.
Ils ont un peu parlé,
Par le hublot-fenêtre.

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Dans mes yeux d’effraie!



Je le sais bien, désormais,
Mes yeux ne sont pas étanches.
Ce sont les yeux d’un effraie
Qu’on a cloué sur sa planche.

Et si mon enfer est vrai,
Il est là, sur cette planche.
L’eau qui découle, à grands jets,
File vers la mer qui se penche.

Je suis comme cet effraie
Qu’on a fixé sur sa branche
Et qui pleure, à tout jamais,
Son oisillon, son dimanche!

Oh, si mon enfer est vrai,
Il est là, sur cette branche,
Face à ces champs de regrets,
Devant cette mer de navrance.


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Poisson d’Avril!

« Après-demain, c’est le jour des poissons d’avril. »
A ce regard de connivence entre ton frère et toi,
J’ai très bien compris que c’était moi, votre cible.

Je me suis bien méfié, tout le long de la journée.

Avant de te coucher, tu as dit: « Poisson d’avril! »
J’ai retiré ma chemise pour en consulter le dos.
Rien. Tu m’as dit: « Je t’ai bien eu, poisson d’avril! »

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De ces êtres doux et beaux!


Ces êtres doux et beaux,
Ces si gentils têtards,
On les balance trop tôt,
Dans ce monde de crevards.

Ils veulent ton attention
Et ils sont pleins d’espoir.
Tu les laisses, sans raison,
Et ils tombent dans le noir.

Ces êtres doux et beaux,
Ces si gentils têtards,
On n’écoute pas leurs mots,
On les laisse au placard.

Et quand ils sont ados,
Ce vilain désespoir,
Qui leur colle à la peau,
Atrophie leurs nageoires.

Ces êtres doux et beaux,
Ces si gentils têtards,
On les balance trop tôt,
Dans ce monde de crevards.

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Sur une terre étrangère!


On n’est plus que deux, sur terre.
On marche, mon enfant et moi.
La terre est un vrai cimetière,
On ne compte plus jusqu’à trois.

La terre est un four solaire,
Réversible pour le froid.
Si la terre tourne à l’envers,
On essaie de marcher droit.

Mon enfant est mort, hier,
Si mal protégé du froid.
Mon môme est parti, hier.
Je n’avance que de guingois.

Il n’y a plus que moi, sur terre.
Cela fait de moi un roi.
Sur cette terre étrangère,
Moi, je vais, à petits pas!

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Les quatre frères!


Moi, j’ai quatre enfants;
Un mort, trois vivants!

J’ai comme avant mes quatre mômes,
Même si l’un deux est transparent.
Même si l’un d’eux est un fantôme,
J’ai pour toujours mes quatre enfants.

J’ai tous mes trésors;
Trois vivants, un mort!

C’est peu dire que j’aime mes mômes;
Leurs rires m’attirent, tel un aimant.
Vers mon petit Pierre, le fantôme,
Je crie à m’en arracher les dents.

Moi, j’ai quatre enfants;
Un mort, trois vivants
!

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Chanson pour un p’tit loup!



Mon p’tit loup, ouh, ouh,
Mon p’tit loup joli.
Mon p’tit loup, ouh, ouh,
Mon p’tit loup gentil!

Un petit loup gris,
Pas bien dans sa vie,
Écoute la pluie,
Sous un ciel tout gris.

Mon p’tit loup, ouh, ouh,
Mon p’tit loup joli.
Mon p’tit loup, ouh, ouh,
Mon p’tit loup gentil!

Assis près de lui,
Y’a un grand loup gris
Qui hurle à la nuit
Et qui veille sur lui.

Son p’tit loup, ouh, ouh,
Son p’tit loup joli.
Son p’tit loup, ouh, ouh,
Son p’tit loup gentil!

Et le grand loup gris
Lui parle de la nuit,
Lui parle des amis
Et de la lune aussi.

Mon p’tit loup, ouh, ouh,
Mon p’tit loup joli.
Mon p’tit loup, ouh, ouh,
Mon p’tit loup gentil!

Le petit loup gris
Préfère l’oubli.
Le petit loup gris
N’a plus d’appétit.

Mon p’tit loup, ouh, ouh,
Mon p’tit loup joli.
Mon p’tit loup, ouh, ouh,
Mon p’tit loup gentil!

Pourquoi je mordrais
Qui ne m’a rien fait?
Pourquoi je tuerais?
C’est un peu con, tu sais!

Mon p’tit loup, ouh, ouh,
Mon p’tit loup joli.
Mon p’tit loup, ouh, ouh,
Mon p’tit loup gentil!

Le petit loup gris
S’en va, sous la pluie.
Pour lui, c’est fini,
Il quitte la vie!

Mon p’tit loup, ouh, ouh,
Mon p’tit loup joli.
Mon p’tit loup, ouh, ouh,
Mon p’tit loup gentil!

Et le grand loup gris
N’aime plus la nuit.
Sa vie est moisie,
Il pense au petit!

Son p’tit loup, ouh, ouh,
Son enfant meurtri.
Son p’tit loup, ouh, ouh,
Son enfant parti!

Son p’tit loup, ouh, ouh,
Son p’tit loup joli.
Son p’tit loup, ouh, ouh
,
Son p’tit loup gentil!

Son p’tit loup, ouh, ouh,
Son p’tit loup joli.
Son p’tit loup, ouh, ouh,
Son p’tit loup gentil!

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Tirer le diable par la queue!



C’est vraiment un miracle,
Ce que tu peux créer!
Merci pour le spectacle,
J’ai vraiment adoré.

Les funambules en bulle,
C’était d’une grande beauté.
Et le clown-ectoplasme
Contre les endiablés!

Ton numéro à toi,
Lui, m’a laissé sans voix!
Tu sors un diablotin,
De sa cage à lapins.

Il s’accroche aux barreaux,
Pour entrer de nouveau.
Tu lui tires sur la queue,
Pour qu’il ouvre les yeux!

Ton nouveau numéro
Te donne du boulot.
Il est encore trop tôt,
Pour le mettre au tableau!

On se fait un selfie,
Personne ne te verra.
Quand tous sont endormis,
Nous, souvent, on se voit!

C’est l’heure de me lever,
Je dois aller bosser.
Je te dis: « A bientôt!
A très bientôt, Pierro! »



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Pour me libérer!


J’écris ça pour moi,
Pour me libérer,
Éloigner l’effroi
Qui m’a tant bouffé.

J’écris ça pour moi,
Pour me libérer
Et dire pourquoi
Je suis déglingué.

Mon enfer à moi
Est fini, c’est vrai.
Mais reste de toi,
Le cœur de la plaie.

J’avais rassemblé
Ses frères, en soirée,
Pour le consoler,
Le réconforter!


Ton enfer à toi
M’a tant concerné.
Ta misère à toi,
Je la vois, je sais!

Je vois ton espoir
Se ratatiner.
Je cris, dans le noir,
Pour te réchauffer!

Oh, comme tu as froid,
Mon petit dernier!
Je n’ai que mes bras,
Pierre, à te donner!

Je sors le coca
Du frigo glacé,
Le lui tends, là-bas.
C’est ce qu’il cherchait!


Bel enfant tranquille,
Victime démunie.
Dans un cœur docile,
Maladie pourrie!

Il était si joli.
Il était si meurtri.
Il était si gentil.
Il était si petit!

Mon dieu, quelle horreur!
Mais, comme il en chie.
Angoisse de malheur,
Maladie moisie!

Il m’a dit : Merci,
S’est mis à manger.
Je me suis enfui,
Pour aller chialer!


Moi, Pierre, je savais.
Alors, j’ai choisi.
Oh, si je pouvais
Te garder en vie!

Je le vois morfler.
Je l’entends pleurer.
Je fonce, massacré,
Pour le protéger!

Et vers mes gamins,
Je souriais si bien!
Je souriais de loin,
Je tenais sa main.


Je leur ai souri,
Je lui ai souri.
Mais, j’avais compris
Ce que serait sa vie!


Je suis avec toi,
Pour l’éternité.
Et qu’on me foudroie,
Si je peux te lâcher!

Maintenant, j’ai froid.
J’ai un peu grandi.
Si je pense à toi,
J’en salue la vie!

Si j’ai encore froid,
Eh bien, c’est tant pis.
Quand je pense à toi,
Je t’aime, mon petit!

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