On s’entendait bien, le grand, le p’tit.
On a su être potes.
Je te revois courir sous la flotte. Tes yeux riaient! Ils riaient parce que je t’avais invité à la course.
Tu me manques, petit frère!
Site de commémoration de Pierre EPARVIER. Il est né le 11 Janvier 1991 et est décédé le 19 Octobre 2016 à l’âge de 25 ans. Pour honorer son âme, sa mémoire, son être, j’ai entrepris l’ouverture de ce blog où, toutes personne le souhaitant, peut publier un texte, un mémoire, une photo, un film, une musique, … ce que vous sentez être bon, pour lui, pour nous, ses proches, pour vous.
Notre peur la plus profonde n’est pas celle d’être incohérents ; notre peur la plus profonde, c’est celle d’être immensément puissants. C’est notre lumière qui nous effraie le plus, pas l’obscurité. Nous nous demandons : « qui suis-je, moi, pour être brillant, précieux, talentueux et fabuleux ? » »
-Nelson Mandela-
Tu étais un peu timide et tu te sentais bien seul, c’est sûr. Mais tu n’en étais pas transparent pour autant. Pas pour nous, mon grand. Non, sûrement pas! C’est ce qu’on dit à quelqu’un qui passe devant la télé, j’rigole.
Toi, il fallait t’apprivoiser. Je suis doué pour ça, ça tombait bien.
Enfant, tu ne pesais rien sur nos genoux, tu pouvais y rester longtemps.
Adulte, tu étais très gravement démuni; alors tu ne pouvais pas te permettre de t’aliéner les autres. Tu te vivais seul mais t’as su te lier avec ceux qui étaient là pour toi!
Tu ne demandais jamais rien, je l’ai déjà dit. Tout est à cause de cette foutue maladie! Alors, même si tu ne demandais rien, nous, on te répondait. Alors tu nous aimais mieux!
J’ai vu ce sentiment évoluer en toi. Je l’ai vu surtout envers moi. T’étais fier de notre relation, comme moi et tu m’aimais fort, comme moi!
Tu me parlais, alors je sais comment tu aimais les autres, qui étaient les tiens. Ton regard sur tes proches! Tu voyais juste, je trouve. « T’avais des potes comme les miens! », j’te le dis parce que ça me rend heureux!
Toi, petit ange, tu avais une empreinte douce et légère!
Vole, mon grand, vole! Plane tout là-haut, je te rejoindrai un jour.
Quand tu n’étais vraiment pas bien, quand tu étais recroquevillé sur le divan des jours durant,
Quand ça me faisait mal de te voir comme ça,
Je filais parfois dans ma chambre, j’écoutais des trucs dans ce genre. Je me chargeais en tendresse et je retournais vite la déverser sur toi. Je pleuvais sur tes lunettes, ça guérissait tes yeux!
La première fois où tu m’as répondu: « Là, je suis bien. », comme je m’en souviens! J’avais anesthésié La Bête pour un moment. J’ai encore pourri tes lunettes!
« -Tu as l’air petit et fragile.
-C’est parce que je suis petit et fragile. »
T’avais le don pour répondre du tac au tac!
Quand il fait chaud, on va à la rivière pour baigner le chien. C’est pas très loin, on y va à pied. C’est dans la zone industrielle. Si, si. Un petit coin de paix, frais et sauvage! J’t’assure. T’aurais dit : ça claque! J’y ai vu un martin-pêcheur today.
On y va, de temps en temps, avec Max et Lily . Lily, c’est la chienne de Max. Un boxer aux yeux doux. Pour moi, elle est plutôt mi-chien, mi-poisson, mi-castor!
Jamal et l’eau, c’est moyen, un peu comme toi. Il y va, oui. Mais je ne dirais pas qu’il nage, plutôt qu’il traverse. Lui, se baigner, c’est se coucher dans l’eau jusqu’au cou. S’il a chaud, pas de problème. Mais pas trop longtemps et une fois, c’est bien assez. Toujours un peu comme toi !
La première fois qu’on l’a emmené là-bas, il s’est jeté dans l’eau à mon appel. Il est tombé dans le trou, ça a fait Brouff! Il est remonté, affolé, à la surface avec une énorme feuille jaune sur la tête. T’aurais adoré!
Aujourd’hui, il y est allé de lui-même. Il a nagé en rond en buvant puis il est allé rejoindre Quentin sur un banc de sable au milieu. Voilà, c’est pour te dire!
Souvenirs, quand je vous emmenais vous ! Je choisissais des endroits précis, qui pouvaient avoir de la gueule, faire sauvage. Je choisissais bien mes activités. J’aurais bien aimé vous emmener dormir dans les bois. Vous auriez adoré!
Enfant ou chaton? C’est jouer, manger, dormir! Je cite Léo.
Pierre ne demandait jamais rien. Ceux qui se sont préoccupés de lui savent ça!
Hier, quelqu’un qui l’a connu enfant m’a dit un truc. Elle m’a dit: « Pierre, il était tout amour! »
« -Pierre, tu as des droits sur moi. Qu’est-ce que tu veux de moi?
– Je veux que tu m’aides à combattre l’angoisse, que tu me réconfortes et que tu t’occupes de moi! »
Je crois que ça dit tout, qu’on se disait tout. Pas d’ombre entre lui et moi!
La phrase à la con: « T’es venu,t’as vécu, t’as appris , tu n’avais qu’une seule chose à faire. Et t’as pas été foutu de la faire! »
J’y suis pas arrivé. J’me sens plutôt lavette, encore aujourd’hui. Je ne te demande pas pardon, je n’en ai pas besoin. Je te connais, tu ne m’en veux pas!
Il s’en passe des trucs dans ma tête. C’est un merdier là-dedans et ça chauffe!
Si tu étais resté, tu aurais 28 ans bien tassés aujourd’hui. Sûrement un peu plus de bide. Tu aurais aussi moins de tifs. Oui, même toi, avec tes coupes « à la Poule »!
Je te trouvais beau comme tout. Je te l’ai dit un demi-million de fois . Tu ne répondais jamais. Sauf la dernière fois! Tu m’as regardé d’un coin de ton oeil ( le coup spécial Pierro, pour ceux qui connaissent!), tu m’as souri et tu m’as dit: « merci ». T’étais beau!
La phrase à la con: « Bon, on a bien rigolé. Maintenant, ça suffit. Rendez moi Pierre! »
Quand je t’écris, ça me prend souvent d’un coup, comme là. Je ne sais pas trop ce que je vais dire. J’ai juste une phrase dans la tête, une idée que je veux habiller. Et puis, ça s’écrit presque tout seul. Et, comme là, ça va vite! Pour ce que ça vaut, baste!
Au moyen-âge,
Les derniers temps, tu aurais probablement pu passer pour mon écuyer. Un écuyer m’accompagnant dans mes voyages.
Mais, c’était pas du tout ça. Tu étais mon prince!
Pas genre: « Oui, mon jeune prince, il en sera fait comme vous le voulez. » Mais quand même!
Je te devais en premier lieu assistance et protection. Je l’ai fait. Je devais combattre tes ennemis, du moindre jusqu’à La Bête. Je l’ai fait. Je devais me préoccuper de ton bien-être. Je l’ai fait.
Je ne t’ai pas juré allégeance, il n’y a pas eu de cérémonie. Mais, j’étais à ton service. Tu étais mon prince. Cqfd!
Bien sûr, ça ne ne se passait pas vraiment comme ça. Mais ça y ressemble un peu.
Repose toi, maintenant. Repose toi, mon p’tit prince!
Il fut un temps où j’aurais pu dire à quelqu’un: « Attaches toi, mais pas trop! »
Je ressens bien les nuances du lien qui m’attache aux autres. De la part la plus pure à la plus regrettable! C’est quelque chose que je cultive.
De même, je me fais un portait de l’autre et je le regarde retoucher le tableau.
Ta façon de peindre, à toi, c’était quelque chose! Un peu fouillis, c’est sûr, mais y avait de la couleur! Du contraste, plein de trucs que je ne connaissais pas, de l’allant!
C’est pour des choses comme ça que je dis qu’une personne est toujours plus large qu’elle n’en a l’air.
Esteem and Respect!
La première fois que j’ai su que j’avais de l’estime pour toi, c’est un jour où, pour une raison ou une autre, je me suis senti fier de toi. Bien sûr, ça m’a fait chaud. Mais j’avais plutôt, cette fois, un sentiment d’égalité entre nous. Comme avec un de mes pairs! Là, j’ai su, sans le moindre doute, que j’avais de l’estime pour toi! Je sais la sensation que ça fait.
Alors, mon grand, si tu permets,
« Respect, Pierre. Respect! »
Dire la tendresse que j’avais pour toi, j’y arrive. Dire l’attachement que j’avais pour toi, j’y arrive. Mais, comment dire le respect et l’estime que je ressentais? Je veux parler de ça depuis le début. Je cherche des mots, des images, quelque chose qui parle. Je rame grave!
Un petit bonhomme fragile et un guerrier? Un petit homme, adulte et enfant? Non, ça ne va pas.
Il y a pourtant quelque chose là. Quelque chose dont tu peux être fier, toi. Je te le dis comme ça déjà, mais je réessaierai autant de fois qu’il faudra.
Qu’on te critique devant moi, je ne suis pas sûr d’apprécier. Je défendrai ton honneur mordicus. Comme Damien a défendu ton intelligence un jour! Il avait bien raison. C’est important. Mordicus!